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Up & Down, 2007

Les dictats des magazines se suivent et surtout ne se

ressemblent pas : ce qu’il faut, ce qu’il ne faut pas, ce qu’il ne

faut plus, ce qui est Up ou bien ce qui est Down, ce qui colore

l’étendue de nos ciels, en nous offrant mois après mois un

nouvel horizon. Up&Down paintings, Collection 2005/2006,

constitue un ensemble de onze peintures mesurant chacune

195cm de hauteur par 120cm de largeur et qui se développe

sur environ quinze mètres, tel une immense fresque.

Chaque texte a été scrupuleusement recopié, y compris ses

fautes d’orthographe, tiré du « Baromètre des Tendances »

du magazine l’Officiel d’août 2005 à juin-juillet 2006, un an

exactement. Fut-il abandonné à cause des Down qui discréditaient

des personnalités ? Dans la première émission de

Télé réalité Loft, les gens votaient par SMS : PART, pour la

personne qu’ils voulaient voir partir. Le SMS à taper a vite été

modifié par : RESTE, plus positif… la rubrique Up&Down s’est

transformée l’année suivante en rubrique uniquement Up.

Ces 10 commandements ou « commande-moi » de l’apparence

témoignent d’une quête autoritaire de la perfection,

à appliquer sans distance alors même qu’elle nous échappe

sans cesse. En quête d’identité ? « I shop therefore I am »,

répond Barbara Kruger. Mais ici, les Up&Down nous dictent

non seulement ce qu’il faut porter mais aussi quelle personnalité

(acteur, modèle, chanteur, artiste, réalisateur) aimer ou

détester, où aller ou ne plus aller en vacances ou en boîte,

quelle voiture acheter, quel film voir, quel sport pratiquer ou

abandonner, quelle boisson boire, quelle musique écouter,

quel style ou attitude adopter, quel produit de beauté utiliser

ou quel animal domestique prendre… Pour les Up, on passe

allègrement et sans transition de Lou Doillon dans la pub

Miu Miu, à faire la fête, aux Poèmes, Buenos Aires, Annette

Messager, les bottes à lacets ou la Tour Eiffel… et pour les

Down, des moustiques, des prénoms Rita et Katrina, à Luc

Besson, l’autobronzant, ou encore les petits chiens au bras,

le tout bien mélangé… bref, plus aucune excuse pour ne pas

atteindre la perfection ! Nicole Tran Ba Vang a patiemment

collecté chaque mois ces Up&Down. Ils entraient en résonance

avec son travail sur les collections liées aux saisons

avec de la pression en plus due au rythme mensuel et sur un

terrain plus élargi. L’artiste a décidé de les prendre au pied de

la lettre. Elle a peint des nuages pour l’idée d’élévation spirituelle

et du temps en écho à l’idée de sacralisation, du culte de

l’apparence et de l’image déjà évoquée à travers les « Collections

Icônes ». Mais c’est aussi une invitation à la rêverie en espérant

que le spectateur s’immerge dans la peinture s’abandonnant

à un état de contemplation. Tout comme les nuages,

le phénomène de la mode est volatil. En révélant la part

poétique de ces étranges inventaires, Nicole Tran Ba Vang

tente de capter l’esprit fugitif du moment avec une légèreté

qui, l’air de rien, touche à des choses existentielles.